Détecter un cancer dans une goutte de sang ?
Des biologistes viennent de mettre en place une technique capable de déceler les infimes traces d'ADN tumoral présentes dans les fluides biologiques de patients atteins d'un cancer. Cette technique permettra, dans un avenir proche, de détecter un cancer par une simple analyse de sang ou d'urine.
Lorsque les cellules tumorales meurent, elles déversent leur contenu dans le milieu extracellulaire. L'ADN de ces cellules, se retrouve dans les liquides biologiques du patient : le sang, l'urine
. Puisque le développement de la plupart des cancers fait intervenir des facteurs génétiques, la simple analyse de sang ou d'urine permettrait en théorie de révéler la présence d'ADN tumoral et donc d'un cancer.
La première étape consiste à répartir l'ADN extrait d'un échantillon biologique dans des millions de gouttelettes suffisamment petites pour que chacune ne contienne qu'un seul gène cible. Puis, cet ADN est amplifié grâce à des méthodes de multiplication moléculaires modernes. Simultanément, des molécules fluorescentes spécifiques à chaque gène viennent interagir avec l'ADN. Cette phase permet de fournir une sorte de couleur des gènes. Les gouttelettes sont ensuite analysées par laser : la couleur des molécules fluorescentes révèle le type de gène qui se trouve dans la gouttelette. Si cette dernière émet du rouge, cela prouve que l'ADN est sain, par contre si elle est verte, il est tumoral. Si la gouttelette n'émet pas de fluorescence, elle ne contient pas le gène ciblé. Un simple comptage des taches colorées permet alors de connaître la concentration en ADN tumoral.
Cette méthode a été appliquée avec succès par les chercheurs sur un oncogène (gène ayant le potentiel de provoquer un cancer) appelé KRAS (associé à des leucémies et à divers cancers, comme ceux du côlon, du pancréas ou du poumon). Si l'étude clinique réussit, les médecins disposeront alors d'une « arme anticancer » qui permettrait de détecter les tumeurs et de proposer leurs traitements. L'agressivité du cancer, sa sensibilité aux traitements existants et son risque de récidive après un traitement local : toutes ces informations sont en partie écrites dans l'ADN tumoral. L'oncologue pourrait les lire avec la technique des microgouttelettes afin de bénéficier d'un outil d'aide au diagnostic efficace pour prévoir l'évolution de la maladie.
Sources :
INSERM
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